Clochemerle à Moulinsart

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Billet mis à jour le 3 mars 2021 à 17h50

Hugo Clément peut jubiler. Sa vidéo du sanglier du Monceau, fort opportunément sortie, a tout pour choquer et susciter une vague d’indignation contre « les chasseurs » (comme un seul homme), détournant l’attention de l’affaire du zoo de Pont-Scorff.

Un acte doublement inacceptable

La cause est entendue: avoir abattu cet animal, même s’il était sorti du domaine clos où était sa place, est inacceptable. Tant parce qu’il était apprivoisé et par respect de son propriétaire qu’en raison du comportement irresponsable du tireur méprisant toutes les règles de sécurité. Il est navrant que les collègues de l’auteur du tir n’aient pas porté immédiatement plainte pour mise en danger de la vie d’autrui, ce qui a conduit au classement sans suite de l’affaire. De tels comportements à risque, qui menacent des vies humaines, ne peuvent être tolérés.

C’est cependant plutôt la mort du sanglier qui a pris une telle importance qu’elle a mobilisée une secrétaire d’État pour diligenter une nouvelle enquête de l’OFB. Souhaitons qu’elle aboutisse, mais… nous vivons tout de même une curieuse époque.

Une vieille affaire locale

Mais Hercule, me direz-vous ? Le sanglier ? Ce foyer brisé par la perte de l’un des siens ? Cet homme au bord des larmes ? Pour tout dire, à entendre le propriétaire de cet animal, on peut, on devrait prendre le temps de se demander si la place d’un sanglier est bien celle d’un animal de compagnie…

Le Parisien, 6 juillet 2016
(source)

Mais surtout, l’affaire du Monceau, déjà connue, est plus vaste. C’est typiquement un de ces nids à embrouilles sur fond de querelles de voisinage entre un « nouveau » propriétaire radicalement anti-chasse & certains chasseurs locaux qui ne l’apprécient guère. Prendra-t-on le temps de s’interroger sur ce jusqu’au-boutisme animaliste qui a valu au propriétaire du Monceau une condamnation en 2016 ? Se posera-t-on la question d’un domaine clos mais sans statut d’enclos à proprement parler, faute semble-t-il des clôtures appropriées ? De ce quasi-élevage d’agrément de cervidés ?

Mise à jour, 26 février 2021 : ces questions reçoivent confirmation du président de la fédération des chasseurs concernée, au fait de la situation du domaine du Monceau. Au-delà du fait-divers encore une fois inacceptable, l’animalisme aveugle qui n’assume pas ses propres choix fait-il mieux pour les animaux qu’il prétend naïvement protéger d’une nécessaire régulation ?

« les animaux eux-mêmes cassent les clôtures pour aller chercher de la nourriture à l’extérieur car ils sont en surabondance dans le parc. Ils n’ont pas assez à manger. Cela provoque des dégâts de gibier dans les cultures. Au final, il faut qu’il ait un parc hermétiquement fermé et qu’il régule sa population d’animaux. »

Mise à jour, 28 février 2021 :Le propriétaire du Monceau accuse les chasseurs de violer sa propriété et de braconner les cerfs et les daims de son domaine. Mais de qui s’agit-il en réalité ?

« nous émettons de très gros doutes sur le braconnage des cerfs. Pour bien connaitre ce département et ce coin en particulier, il convient de dire qu’une certaine communauté adepte du braconnage est très présente. »

Tous coupables, forcément coupables ?

Il y aurait matière à réflexion. Mais peu importe, Hugo Clément a fixé d’un tweet les termes du débat: haro sur « les chasseurs ». Nous voilà à nouveau sommés d’assumer collectivement la responsabilité du fautif & la noirceur de notre loisir mortifère. En ce qui me concerne, ce sera non. Je n’irai pas à Compostelle faire pénitence, nu-pieds, un sac de cendre sur la tête. Pas pour un imbécile dangereux. Ni pour un sanglier. Ce n’est pas la chasse qui est en cause ici, c’est Clochemerle à Moulinsart


Rétention et suspension administratives du permis de chasser, article L423-25-2 du Code de l’environnement

(source)

En revanche, que l’enquête aboutisse cette fois, que l’auteur de ce tir irresponsable et injustifiable soit condamné, et surtout, qu’on en finisse enfin avec cette querelle locale en tirant la leçon de tout cela de part et d’autre. Plus généralement, qu’on ne tolère plus de tels comportements, qu’ils soient dénoncés à l’OFB, et que leurs auteurs fassent immédiatement l’objet d’une rétention administrative de leur permis de chasse, puisque nous en avons désormais la possibilité.

Mise à jour, 3 mars 2021: Un « reportage » truqué

Merci à Richard sur Terre d’avoir recueilli, sur place, auprès des chasseurs concernés, les éléments permettant de rétablir quelques vérités essentielles :

  • L’auteur du tir a été immédiatement exclu de la société de chasse.
  • Le tir a eu lieu à plus d’un kilomètre à l’extérieur du parc du domaine du Monceau.
  • La clôture du domaine du Monceau est très loin de ce qu’Hugo Clément a choisi de filmer…


La chasse n’a pas à être imposée à qui n’en veut pas chez lui. Le braconnage sur la propriété d’autrui n’a pas à être toléré. La situation délétère du château du Monceau n’aurait pas dû perdurer. Mais ici, c’est l’affaire des intéressés et des pouvoirs publics. La récupération et l’utilisation de telles situations par le « lanceur d’alerte » (non) Hugo Clément et autres antispécistes forcenés, pour les brandir dans leur croisade anti-chasse, aidera-t-elle à le faire sereinement ? J’en doute…


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