Vous avez été choqué par une image de chasse à l’arc sur les réseaux sociaux ? Attention. Du moment qu’elles sont bien saignantes, nos amis anti-chasse raffolent de ces images qu’ils pêchent via Google n’importe-où dans le monde, dans n’importe quel contexte, à n’importe quelle époque, quel que soit le sujet.
C’est notamment le cas pour la chasse à l’arc, pour laquelle on trouve sans peine, d’un clic, d’horribles choses propres à faire haïr les chasseurs. Comme par exemple celles-ci, publiées par l’un de nos « ami des animaux » qui tient à vous alerter et vous invite à vous indigner : le ministre de l’agriculture est un adepte de la chasse à l’arc (on cherchera désespérément le rapport avec sa fonction, mais bref)[1]Marc Fesneau Nouveau Ministre de l’Agriculture pratique la chasse à l’Arc…, par le compte Twitter @AdeaClaude, le 23 mai 2022. Mise à jour, 26 mai 2022 : ce compte a — courageusement — supprimé son tweet après la publication de ce billet. :
Mais au fait, où ces photographies ont-elles été prises ? Et pourquoi nos vaillants militants de la Cause animale n’en donnent-ils jamais la source (car c’est le cas, systématiquement) ?
Oupsi ! Ces deux images, comme toutes les autres de ce type publiées par nos amis anti-chasse, proviennent du web nord-américain. Et non de France.
Deer pierced in the face by arrow, CNN, novembre 2013
Deer in Oregon are walking around with arrows in their bodies. Police want to know who did this, CNN, mai 2018
[Mise à jour, 26 mai 2022] Un autre exemple ? Ce tweet du compte @ChasseAbolition[2]tweet du compte @ChasseAbolition, 26 mai 2022 qui nous présente cette fois une oie sauvage… photographiée… à Old Lyme dans l’État du Connecticut, comme l’atteste la presse locale de cette municipalité américaine[3]Arrow through head hasn’t stopped footloose goose in Old Lyme, The Day, 27 avril 2012 :
Des photographies prises en réalité aux États-Unis, dans le Connecticut.
[Mise à jour, 7 juin 2022] Un dernier exemple ? Ce malheureux petit chien, photographié… en Californie[4]Chihuahua found in Desert Hot Springs with arrow through its neck expected to survive, Los Angeles Times, 22 mai 2022 . Ce qui n’empêche pas Henry-Jean Servat, grand pourfendeur des méchants chasseurs français, d’interpeler Marc Fesneau :
Chien blessé par un carreau d’arbalète… en Californie
Il en est de même des « études » ou « tests » mis parfois en avant par les activistes anti-chasse, comme dans cet exemple publié sur un site notoirement complotiste et diffuseur de fake news, par un « juriste animalier », qui n’a à citer en la matière qu’une étude conduite…en 1988 dans le Montana, et un article de 1991 sur… la chasse à l’élan en Alaska[5]Jean-Marc Neumann, La chasse à l’arc, une pratique ancestrale, écologique mais cruelle, francesoir, 23 mars 2019 .
Extrait d’un article de Jean-Marc Neumann sur le site France-Soir
Qu’est-ce que cela change, me direz-vous ? Il se trouve que la règlementation, la pratique, l’histoire de la chasse à l’arc sont très différentes selon qu’il s’agit des États-Unis ou de la France.
En France, la chasse à l’arc a été autorisée, après débats et réflexion, en 1995. Selon nos usages et notre culture, de façon évidemment très étroitement réglementée[6]Quelles règles régissent la chasse à l’arc ?, Le Chasseur Français, 26 juin 2022 . En France en effet[7]Arrêté du 18 août 2008 relatif à l’exercice de la chasse à l’arc, Légifrance. [8]La Chasse à l’arc, Fédération nationale des chasseurs :
Exemples de pointes de chasse à lames
- On ne chasse pas à l’arc comme cela, hop ! Il ne suffit pas d’avoir le permis de chasser. Il faut suivre une formation spécifique pour en avoir l’autorisation[9]Guide de formation du chasseur à l’arc, Fédération régionale des chasseurs d’Occitanie .
- On ne chasse pas n’importe comment avec n’importe quoi. L’arbalète est interdite, et seul l’arc est autorisé. Il est également interdit d’utiliser des flèches de tir sportif ou de loisir, inadaptées. Seules les flèches de chasse homologuées sont autorisées. Qu’est-ce que cela change ? À la différence du tir à la cible, elles sont conçues pour tuer en quelques instants l’animal tiré dans les règles. Soit par le choc (points assommantes pour le petit gibier) soit en provoquant une hémorragie interne massive dans le bloc cœur-poumons (flèches à lames pour le grand gibier)
- On ne tire pas à la Robin des bois comme dans les films : cette chasse se pratique essentiellement en traque-affût (« poussée silencieuse »), ou à l’approche et à l’affût, sur un animal immobile ou au pas, à très courte portée. Et bien évidemment jamais dans la tête pour le grand gibier.
- Les flèches doivent être marquées, de manière indélébile, avec le numéro du permis de chasser du chasseur concerné : en cas de gibier blessé, il peut donc être identifié.
Enfin, la chasse à l’arc est tout sauf une chasse de « viandard ». Les occasions de tirer sont rares. Le tir doit être à coup sûr, il n’y a pas de seconde chance. C’est une chasse particulièrement exigeante, une chasse d’attente, de patience, de maîtrise de soi, qui exige une solide connaissance du territoire chassé et de l’animal[10]Lire par exemple ce témoignage : La chasse à l’arc, une autre approche, le7.info, 24 août 2021 . Pour les chasseurs à l’arc que j’ai eu l’occasion de rencontrer, et pour certains de voir chasser, c’est une autre approche de la chasse que la chasse à tir. C’est surtout une forte éthique. Loin de la caricature qu’en imaginent et qu’en donnent ceux qui prétendent en dénoncer la brutalité ou la supposée cruauté.
L’occasion, pour conclure, de rappeler l’excellente vidéo d’un chasseur « à l’arc en bois » aujourd’hui bien connu, notre ami Richard sur Terre, « Pour quoi je chasse »…