Faut-il encore dire quelque-chose de la mort tragique de Morgan Keane, à ce stade, sauf notre compassion pour ses proches ? Que le procès ne tarde pas est une bonne chose. Non le procès de la chasse, mais d’un acte d’imprudence au mépris des règles.
Un acte, un instant, que son auteur et ses camarades au sein de cette association de chasseurs regrettent infiniment, comme le souligne cet article. Il n’y a pas à en douter. Il faut être halluciné pour croire ou prétendre qu’on tue avec indifférence un de ses semblables.
Je n’ai aucune envie de défendre la chasse, là, ni sa nécessité, ni notre travail constant pour que de tels accidents n’arrivent pas. Ce n’est juste ni le moment, ni la question. La mort de Morgan Keane est inexcusable. Je m’effraie en revanche de l’exploitation de ce drame.
Ceux qui brandissent Morgan Keane comme un emblème, ou pire, un buzz, que veulent-ils ? Sont-ils sincères, ou plutôt des marchands de peur, spéculant sur l’émotion, légitime, pour faire avancer les pions d’un idéologie qui ne vise pas que la chasse: l’antispécisme.
Jusqu’où manipule-t-on l’opinion en se servant sans scrupules de cet accident dramatique pour alimenter la machine à rumeurs, à ragots, à énormités qu’est devenu notamment Un Jour Un Chasseur, au lieu de réfléchir à vivre ensemble ?
Je peux entendre qu’on rejette la chasse. J’admets qu’on peine à en saisir la pleine légitimité. Je peux travailler à en expliquer la nécessité, pour une part de celle-ci. J’entends bien qu’elle doit aussi évoluer.
Mais cette haine de l’homme à laquelle se résume l’antispécisme, l’animalisme, qui sont à l’œuvre dans l’instrumentalisation de la mort de Morgan Keane. Ce populisme outrancier jusqu’à confondre une faute et plus d’un million de femmes et d’hommes…
Nous avons des institutions. Républicaines. Démocratiques. Durement acquises. Dont la Justice. À l’heure où tant de populistes d’un bord et de l’autre menacent celles-ci, gardons la tête froide.
Le procès du ou des responsables de la mort de Morgan Keane sera jugé, souhaitons-le en 2022. Et ce sera le procès d’eux seuls. Il n’y a finalement rien d’autre à dire.