L’écologie est d’abord une science, celle du Vivant. Un métier, celui d’écologue. Bien avant d’être une doctrine, qu’on appellera plus justement l’écologisme. Du chasseur, de l’animaliste et de l’antispéciste, qui est écologue ? qui est écologiste ? Est-ce vraiment la question ?
L’animaliste est-il écologue ? Sa fréquente méconnaissance, voire son déni des données scientifiques ne plaide guère en ce sens (euphémisme). Est-il écologiste, au sens de la recherche d’un meilleur équilibre entre l’homme et son environnement naturel ? Il en a certainement le souhait, mais ses confusions en matière d’écologie l’égarent souvent.
L’antispéciste, lui, est à l’opposé de l’écologue, sa doctrine, focalisée sur une image anthropomorphique de l’individu animal et de sa « sentience » (simplification à outrance de la question de la conscience animale), ayant tous les traits d’une pseudo-science. Est-il écologiste ? Sa vision confuse d’une nature appartenant aux animaux sauvages, « souverains » (Zoopolis), voire ses délires sur la lutte contre la souffrance animale poussée jusqu’à envisager d’intervenir pour protéger la gazelle de la prédation du lion… Bref. Passons.
Et le chasseur, alors ? Il s’efforce aujourd’hui de tenir compte et même de s’appuyer sur les données scientifiques. Avec maladresse encore, mauvaise foi parfois. Mais un énorme pas a tout de même été franchi ces dernières décennies. Le chasseur en tant que tel ne sera jamais un écologue, évidemment. Mais l’un et l’autre sont appelés à travailler de plus en plus ensemble. Qu’il s’agisse notamment de la gestion d’espèces en déclin, ou de la préservation des habitats naturels…
À défaut, est-il écologiste ? Oublions la regrettable campagne de la FNC sur les « premiers écologistes de France », comme s’il s’agissait d’un podium. Elle avait un fond de réalité, mais sa formulation provocatrice, maladroite, outrancière, n’avait évidemment guère de sens. Le point clé, ici, me semble-t-il, est que le chasseur est soumis à un impératif, une contrainte fondamentale : s’il veut continuer à chasser, il doit préserver les écosystèmes, les espèces, leurs habitats. Sans gibier, pas de chasse. Sans chasse… pas de chasse.
Bon gré mal gré, et sans que ce soit une question de doctrine (ce que je trouve personnellement rassurant, craignant les zélotes), le chasseur a besoin de cet équilibre entre l’homme & l’environnement, et d’une exploitation raisonnée & mesurée de nos ressources naturelles. La chasse française d’aujourd’hui, de plus en plus chasse de gestion des espèces, n’est plus cette exploitation irraisonnée et sans mesure de la ressource faunistique qu’on a connu autrefois. Elle est améliorable, certes, mais une évolution décisive a bien eu lieu. Plans de chasse & autres modes de gestion des prélèvements, volonté de se tourner vers la gestion adaptative (maladroitement, certes. On débute), investissement indéniable dans la préservation, la restauration et l’entretien des biotopes…
La chasse n’est pas animaliste, et encore moins antispéciste, elle ne se focalise pas sur l’individu animal, dont elle considère que la prédation par l’homme est naturelle, mais la préservation en tant qu’espèce, essentielle. La chasse n’est pas non plus écologiste, au fond, même si elle se retrouve à poursuivre le même but que l’écologisme : ce n’est tout simplement pas une doctrine.
La chasse est avant tout ce loisir singulier, à la légitimité naturelle, mais qui trouve aujourd’hui aussi sa justification dans les services d’intérêt général qu’elle rend: équilibre agro-sylvo-cynégétique, préservation des milieux, veille sanitaire sur la faune sauvage… Opposer chasse et aussi bien écologie qu’écologisme n’a finalement guère de sens. Nous avons bien plus d’intérêt commun que ce qui peut nous séparer en matière de sensibilité à l’égard des animaux. Et bien mieux à faire que nous insulter sur les réseaux sociaux.