Je ne lâche pas l’affaire…

Cela fait bientôt trois ans que je publie à propos de chasse et de ruralité sur Twitter, sur la ligne de front des réseaux sociaux. Twitter, ce n’est pas l’entre-soi de Facebook ou d’Instagram : c’est plein de bruit et de fureur. La chasse y est massivement attaquée, par des activistes dénués du moindre scrupule qui jouent à merveille de la méconnaissance du public envers notre loisir. La partie est hélas inégale…

David contre Goliath

On fantasme à plaisir sur le fameux « lobby de chasse », soi-disant tout puissant, ayant ses entrées partout. S’il y a un canal où il pèse peu, c’est bien celui de Twitter, dont s’inspirent aujourd’hui massivement, et le plus souvent passivement, les médias nationaux.

Un Hugo Clement y pèse 650 000 followers quand les comptes de chasseurs les plus suivis en ont à peine quelques milliers. Être dans le camp des gentils contre les tueurs de Bambi aide évidemment à être populaire. Mais beaucoup moins à informer et à donner à réfléchir.

Le rapport de force évolue cependant, depuis peu : venus du monde de la vénerie d’abord, puis de communautés Facebook, de plus en plus de chasseurs nous rejoignent sur Twitter pour contrer les clichés éculés et les fakes répandus par les fanatiques animalistes et antispécistes.

Tueurs de Bambi

Mais la chasse doit aussi s’en prendre à elle-même : nos institutions fédérales, nos associations et fondations ont cultivé pendant des décennies l’art de la non-communication. Pour chasser tranquille, faisons le gros dos, laissons courir, faisons-nous discrets. Cela se tenait sans doute autrefois. Poursuivre dans cette voie serait une aberration aujourd’hui. La Fédération nationale des chasseurs, certaines fédérations régionales et départementales, la Société de vénerie et d’autres ont compris qu’il fallait s’adresser à l’opinion.

Mais le retard accumulé est considérable. Nos contemporains sont passés à côté des évolutions majeures de la chasse tout au long des 50 dernières années. Chasse de gestion, chasse durable, investissement massif dans la préservation des milieux naturels, règlementation, sécurisation… autant de transformations ignorées quand la chasse se résume au fameux cliché du sketch des Inconnus. Bon ou mauvais, le chasseur, il tire. N’importe quoi, n’importe où.

Dans une société largement coupée des réalités naturelles, où le monde animal n’est le plus souvent perçu qu’à travers le double prisme des animaux familiers idolâtrés et des docus animaliers, nous ne sommes que des tueurs de Bambi. Sans qu’on sache très bien s’il s’agit d’un cerf, d’un chevreuil, d’un daguet ou d’un brocard, mais peu importe. Un million de psychopathes cruels et avinés sont en liberté dans nos campagnes.

Peu importe également le suivi des espèces, la réalité et la complexité des données scientifiques ou la gestion adaptative : la faune sauvage de notre pays est censée être en pleine extinction massive et systématique. Nous sommes des écocideurs de Bambi. Année après année, saison de chasse après saison de chasse, nous éradiquons les espèces à un rythme effroyable. À se demander comment il reste encore quelque-chose à tirer ? Mais la logique n’est pas le fort de la sensibilité animaliste, nous le constatons souvent…

Le fantasme du retour au Sauvage

Jean-Kevin, comme on se plaît à l’appeler génériquement, Jean-Kevin est tout entier à son fantasme d’une Nature vierge, pure et immaculée, auquel il rêve depuis son balcon ou son jardinet. Une nature qu’il ne perçoit que violée par l’homme, dévastée, ravagée. Comment lui faire entendre que nos milieux naturels, en Europe, en France, ont été façonnés par des millénaires d’action de l’homme, que nous avons créé bien plus d’écosystèmes que nous n’en avons détruits, que les abus et les excès de notre mode de vie contemporain ne résument pas, aussi graves soient-ils, l’action de l’homme sur la nature ?

La chasse est pour Jean-Kevin un formidable repoussoir. Vaguement conscient qu’il a lui-même sa part de responsabilité dans le réchauffement climatique, l’érosion de la biodiversité, et qu’il n’y peut en réalité pas grand-chose à sa petite échelle, il a besoin d’indignation, de luttes à mener, de cibles. Les chasseurs incarnent à la fois un lien avec la nature qu’il sent avoir perdu, et des coupables tout désignés de sa dévastation. La chasse doit être abolie !

Mais comment lui faire entendre que, dans ces milieux anthropisés, la chasse est une composante essentielle des « équilibres naturels » ? Comment lui faire comprendre qu’il n’y a pas d’« auto-régulation » magique dans bien des cas ? Que le fameux retour massif des grands prédateurs remplaçant la chasse est une simple vue de l’esprit ? Comment lui expliquer qu’il n’y a pas de mythique « équilibre naturel » originel, mais uniquement des écosystèmes dynamiques, en constante évolution, sans retour en arrière possible ?

Lutter avec les armes de la raison

Il y a tant à expliquer. Tant de clichés à dissiper, de confusions à éclaircir, de discours de marchands de peur et de collapsologues à démentir. Il faut le faire sur tous les canaux, media, réseaux sociaux. Il faut le faire sur Twitter.

Je m’y suis employé, à ma très modeste mesure, ces trois dernières années. Face à forte partie, et face à des gens qui savent très bien jouer de leur effet de masse et des fragiles règles de modération de Twitter pour faire taire les encombrants. Signalements en masse, tweets censurés pour une simple image, ou même sans qu’aucune violation de règles ne soit identifiable, la pression devient de plus en plus forte.

Dépendre de Twitter est donc trop périlleux. C’est pourquoi je mets en place ce petit site personnel. J’y rapatrierai progressivement les « threads » publiés depuis trois ans, en les actualisant. Ils seront dans un premier temps répertoriés dans la section Articles. Les éléments de réponse rapide que j’ai régulièrement employés sur Twitter seront rassemblés dans une seconde section, « Le sachiez-vous ?. » Enfin, les sources de référence sur la faune, l’écologie, la chasse auxquelles j’ai recours seront mises à disposition dans la section « Webographie .» Ce blog, enfin, relayé sur mon compte Twitter, me permettra de continuer à intervenir au fil de l’actualité.

Ce petit site rapidement mis en place est encore plein de peintures fraîches, de plâtres à essuyer et de détails techniques à régler. Merci pour votre indulgence. Ses contenus, quant à eux, vont s’enrichir petit à petit. J’espère qu’ils vous seront utiles pour défendre la chasse, pour nous défendre, pour défendre au-delà de la chasse toute la ruralité et ses multiples acteurs.


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