La chasse en enclos

Je vais mettre la hure dans le plat : je ne partage pas cette vague d’indignation contre « la chasse en enclos » en bloc. Quelques rapides réflexions d’ordre général sur le sujet, jetées comme elles me viennent et sans apprêt. Avec une idée clé hélas peu en vogue de nos jours : éviter les amalgames et faire preuve de nuance.

Quel est l’objet d’un article comme celui de France Info ? Analyser, décrire un secteur en réalité très peu connu de la chasse, plus complexe qu’on ne croit souvent ? Ou surfer sur la vague d’actualités à propos de la Sologne et du problème bien réel de l’engrillagement ?

Le lecteur sait-il à la fin de l’article ce qu’est la chasse en territoire clos en France, sous ses différentes formes et règlementations ? Sait-il qu’il existe des enclos de chasse privés mais aussi des établissements commerciaux ? Des enclos mais aussi des parcs ? Des territoires de quelques dizaines d’hectares, et d’autres de plus d’un millier ? Lui a-t-on dit que le souhait de pouvoir chasser chez soi sans être importuné était légitime ? Qu’offrir à ses invités ou à ses clients une chasse de qualité, éthique, était tout à fait possible ? Que le ball-trap d’animaux enfermés était certes parfois une réalité, mais pas toute la réalité, loin de là ? On ne lui a montré que le sensationnel, qui se vend bien et qui fait vendre. Et quand un enclos de chasse n’a rien à voir avec cette image racoleuse, qu’importe, il n’y a qu’à déformer la réalité, comme l’a si bien fait Hugo Clément à propos de celui-ci :

Je me méfie toujours des indignations faciles, parties de caricatures ou de cas limites. Parce que je crains les amalgames destructeurs. Parce que je préfère toujours me demander si on peut corriger, améliorer, viser les éventuels abus de quelques-uns et travailler là-dessus, plutôt que tout jeter et s’en prendre à tous. Et parce que je n’estime pas que ma vision de la chasse et de son éthique soit nécessairement la seule qui ait sa place.

L’indignation est facile. Elle est vendeuse. Elle n’est pas toujours judicieuse. Ne saccageons pas la chasse et sa diversité dans un souci honorable mais maladroit et précipité d’y « faire le ménage » pour plaire à l’opinion.

Et ne soyons pas dupes de ceux qui nous disent « nous ne sommes pas contre la chasse, uniquement contre ses abus. Mettez-y fin et tout ira bien. » Sitôt fait, ils passeront à un autre mode de chasse, un autre gibier, une autre pratique. Jusqu’à dépecer la chasse de tout ce qu’ils pourront. Jusqu’à la réduire à ce qu’ils ne pourront empêcher, à ce qui est « utilitaire ». Défendons et améliorons nos chasses. Toutes nos chasses.


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