Mangerais-je du chien ?

Les antispécistes nous opposent souvent cette image du chien, notre compagnon familier, et du veau, du cochon, du mouton que nous n’hésitons pas à tuer pour le manger. Pourquoi l’un et pas l’autre soulignent-ils pour dénoncer le « carnisme » ? Nous souffririons selon eux d’une « dissonance cognitive » sans laquelle nous ne serions pas capable d’assumer et de vivre notre déviance éthique. Soit, posons la question : mangerais-je du chien ?

En digne enfant de la Bourgogne, je suis un amateur revendiqué de viande bovine, plus précisément la seule qui vaille, la charolaise (ce point ne souffre aucune discussion.)

Cavalier, ayant élevé autrefois mes propos chevaux, je n’ai aucune réticence à manger de la viande de cheval, au goût inimitable.

Chasseur, j’ai également un goût prononcé pour la venaison, avec une certaine prédilection pour le « Bambi », le chevreuil.

Il m’est arrivé aussi de tenter certaines expériences culinaires. Ainsi, le blaireau, notre petit ours des forêts, s’avère tout à fait comestible, et même goûteux. Je n’ai jamais eu encore l’occasion de tenter la marmotte, réputée chez nos voisins suisses ou autrichiens notamment, et que l’on mange encore dans les Alpes françaises, mais je le ferais très volontiers.

En revanche, l’honnêteté m’impose de convenir que, quoi qu’en disent certains, même longuement mariné dans l’eau de vie, puis mijoté avec les meilleurs épices… le renard est tout bonnement infect.

Enfin, quelques voyages ou séjours plus longs dans d’autres pays m’ont fait découvrir avec surprise et plaisir d’autres aliments carnés plus inattendus. La première bouchée n’est pas évidente, mais la mygale frite est un met indochinois tout à fait comestible, et même assez fin.

Le « cari guêpes » de nos cousins réunionnais, à base de larves de guêpes, est quant à lui, un plat délectable que je ne peux que vous recommander.

Mais… mangerais-je du chien, enfin ? Je n’irai sans doute pas en Chine ou en Indochine spécifiquement à la recherche de cette nouvelle expérience gustative. En revanche, si je me trouvais à m’en voir proposer, chez une personne pour qui c’est un met apprécié, je ne lui ferai pas l’affront de refuser. À Rome, fais comme les Romains. Mange comme les Romains. Rien n’est plus culturel que notre nourriture. Rien n’est davantage propre à chaque société, époque, civilisation.

Je suis parfaitement conscient de l’arbitraire de ma culture alimentaire. Du caractère éminemment relatif de ce qui s’y mange et de ce qui ne s’y mange pas. Ce n’est pas l’usage de manger du chien en occident, tout comme on ne mange pas de cheval en Grande-Bretagne, ou de porc sous d’autres cieux. Je mange volontiers du cheval, mais je n’aurais sans doute pas mangé le mien, quand l’âge l’a emporté, si l’occasion s’était trouvée. Je suis pleinement conscient de tout cela, et n’y voit aucune raison de mettre ma culture en cause, ni mon « carnisme ».

Il n’y a là aucune « dissonance cognitive ». Notre culture n’est ni logique ni univoque, et n’a pas à l’être. Surtout au nom de l’intolérance d’une idéologie aux relents sectaires, qui prétend me convertir ou m’exclure. Alors oui, amis vegan de L214 et de OneVoice Animal, je mangerais du chien (tout en admettant parfaitement qu’on n’en mange point).

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